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Les aboiements excessifs

 

 

Le chien aboie, la caravane passe. Tiens… mais le chien continue d’aboyer ! Se pourrait-il qu’il vocifère pour une autre raison ?

Laurence Bruder Sergent nous propose aujourd’hui de déchiffrer les raisons qui poussent notre compagnon à donner de la voix, entre nécessités ancestrales et adaptations contemporaines, pour mieux le gérer quand il tombe dans l’excès.

 

Les humains murmurent, chuchotent, parlent, crient, verbalisent… c’est notre moyen privilégié pour transmettre des informations, exprimer nos émotions, signifier une intention.

Les chiens aussi parlent ! Depuis les premiers moments de cohabitation avec les humains, ils ont appris à adapter leurs outils de communication à nous, qui mettons tant de temps à réagir à leurs appels.

Pour comprendre leurs intentions, l’homme doit être à la fois observateur et « à l’écoute ». Jappements, gémissements, aboiements aux sonorités aigues ou graves, hurlements… les chiens disposent d’un panel impressionnant, surtout lorsque l’on sait qu’à l’état sauvage, ils utilisent très peu la communication sonore.

 

Lorsqu’ils vivent à l’état naturel, c'est-à-dire sans que l’Homme n’interfère dans leurs rapports, les chiens sont plutôt silencieux. Et pour cause, s’ils se font entendre (et repérer), ils courent un grand danger : ils peuvent être tués par un prédateur, notamment par l’Homme, ou leur nourriture peut être ravie par un autre animal. Voilà pourquoi ils limitent leurs vocalisations au strict minimum.

Par contre, ils utilisent d’autres formes de communication, olfactives et visuelles, notamment.

 

Une nouvelle habitude

 

C’est donc par son statut auprès de l’homme que le chien a adopté le mode de communication sonore, pour alerter, mettre en garde, attirer l’attention ou encore montrer sa joie. Parfois l’Homme estime que les aboiements sont excessifs, et même insupportables. Mais si le chien s’exprime ainsi, c’est qu’il a une raison ! Ce mode d’expression du chien a une raison d’être, il ne l’utilise pas juste pour nous embêter.

 

Les amateurs de chiens de race savent fort bien que certains individus sont très aboyeurs, car ils ont justement été sélectionnés pour cela (terriers et autres chiens de chasse, notamment, mais ce ne sont pas les seuls).  Les maîtres qui ne se renseignent pas assez au préalable risquent une désillusion, parfois tragique, car elle peut amener jusqu’à l’abandon.

 

Légitime pour un chien

 

Au delà des spécificités des races et des lignées, il faut faire la différence entre ce qui dérange le maître ou le voisinage, et ce qui est légitime dans la logique canine. Je m’explique : il est normal pour un chien d’aboyer lorsque l’on sonne à la porte, le rôle de « vigile » est ancré en lui depuis leur origine. Par contre si cela s’éternise, cela va déranger son entourage.

Autre situation : lorsqu’on laisse un chien dehors toute la journée, il est excité par tout ce qui se passe autour de lui et pourra aboyer par frustration (de ne pas pouvoir aller au contact de ce qui le stimule), par défense de son territoire, par agacement, par peur de ce qu’il entend mais ne peut pas aller identifier, etc.

 

Les responsabilités de l’Homme

 

Ainsi, ce qui dérange le propriétaire n’est pas forcément le résultat d’un excès de la part du chien. C’est même parfois l’attitude des maîtres qui a provoqué ce qu’on lui reproche !

Reprenons les exemples précédemment évoqués. S’il aboie durant des heures quand ses maîtres sont absents, n’est-ce pas parce que ses propriétaires n’ont pas pris la peine de lui apprendre à supporter la solitude, que l’animal exprime le manque de cette façon?

S’il est laissé dans le jardin mais stressé par le moindre bruit, pourquoi ne pas envisager de le mettre à l’abri des stimuli ?

Dans ces deux situations, le chien extériorise son mal être, son stress, son instinct protecteur (le chien qui aboie derrière la clôture), sa peur, ou juste la frustration parce que qu’il ne peut pas avoir accès à ce qui a capté son attention.

Sous cet angle, on perçoit mieux que les comportements des chiens sont souvent légitimes, au regard de leur nature.

 

 

Comment réduire ou supprimer les aboiements intempestifs

Commençons par identifier leurs causes pour envisager de les annihiler.

- mettre une clôture qui occulte la vue du chien, ou ne plus le laisser seul dehors durant des heures

- lui apprendre à accepter la séparation d’avec ses maîtres, par un travail de détachement (un comportementaliste vous expliquera comment procéder)

- participer à des séances de socialisation et de sociabilisation (l’aider à s’intégrer dans un groupe, et à se comporter correctement dans ce groupe), s’il aboie envers les autres chiens

- ne plus réagir s’il se déploie au quotidien, en votre présence, à l’intérieur de l’habitation (le comportement arrivera à extinction si le chien se rend compte que cela ne fait plus réagir – faites-vous aider par un comportementaliste car ce n’est pas facile à mettre en place)

 

Au lieu de vouloir « traiter » le comportement comme si c’était une pathologie, avec des accessoires cruels et maltraitants (type collier électrique), je propose de chercher à comprendre ses motivations, car je le répète, le chien qui s’adonne à des aboiements trouve une satisfaction à le faire. Il faut analyser laquelle plutôt que de masquer la cause et ne s’attacher qu’à sa manifestation.

Seul un professionnel qui a étudié les comportements des chiens et l’incidence sur lui de l’environnement dans lequel il est placé, sera capable de trouver, grâce aux propos des propriétaires, ce qui le motive et comment l’apaiser.

Le chien aboyeur n’a pas besoin d’être dressé, il a d’abord besoin d’être compris.

 

Pour le magazine Atout Chien d'avril 2009

 

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